Rl 491Editorial : Laurent Socquet

Titre: Adhérer à une association, un geste politique ?

Photo couverture : Profession de foi ?

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Les associations sont le premier échelon, les briques de base de la démocratie : on y débat sur toutes sortes de sujets, on y prend des décisions selon l’esprit majoritaire, on y apprend le respect du voisin et la nécessité du consensus. Dans son ouvrage le plus con-nu « De la démocratie en Amérique », Alexis de Tocqueville note avec surprise le grand nombre et la vitalité des associations. A cette époque, la France vit sous la Restauration, après avoir connu la terreur thermidorienne, puis le Consulat et l’Empire. Elle se re-trouvait sous un régime monarchique mais avec quelques solides avancées par rapport à l’Ancien Régime. L’Amérique de son côté était une jeune république dont Tocqueville et Beaumont, au cours de leur périple, découvrent les moeurs démocratiques. Les français sont très bien accueillis, grâce au bon souvenir qu’avait laissé La-fayette. Citons Tocqueville :

« Les Américains de tous les âges, de toutes les conditions,de tous les esprits, s’unissent sans cesse. Non seulement ils ont des associations commerciales et industrielles auxquelles tous pren-nent part, mais ils en ont encore mille autres espèces : de reli-gieuses, de morales,de graves, de futiles […]. Partout où, à la tête d’une entreprise nouvelle, vous voyez en France le gouvernement et en Angleterre un grand seigneur, comptez que vous apercevrez aux Etats-Unis une association […]

L’esprit démocratique soufflerait-t-il sur un club de bridge, une union bouliste ou un club cycliste tel notre cher Véloce ? Et bien oui, c’est à petite échelle, mais il y a des débats, des décisions collectives et même parfois des consensus difficiles à emporter ! Il y a surtout tout ce savoir faire que le pouvoir politique ne possède pas. Voyez la Fête des Sports : presque une centaine d’associa-tions y sont représentées et cela rien que dans le domaine du sport. Comment l’État, la Région, le Département pourraient ils s’occu-per de tout cela sans devenir Big Brother ? Citons encore Tocque-ville : « Mais quel pouvoir politique serait jamais en état de suffire à la multitude innombrable de petites entreprises que les citoyens américains exécutent tous les jours à l’aide de l’association ? »

Tout ce travail associatif contribue à rendre plus agréable une ville pour ses citoyens. Pour qu’une ville soit attractive il faut des poids lourds comme l’enseignement, la santé, les équipements sportifs, etc… choses trop lourdes pour le tissu associatif et que la puissance publique gère plutôt bien. Mais pour le petit plus qui permet de mieux vivre ensemble, le tissu associatif est indispen-sable. A nous de le faire vivre !

Récemment, sur un ton un peu ironique, le Président duVé-loce nous disait que les finances du club étaient bien gérées et que si les services financiers de la Mairie cherchaient à économiser sur les subventions, ils pourraient supprimer la notre sans nous mettre en péril. Je prendrai le contre pied. Tout d’abord, si nos finances sont saines, c’est grâce au bénévolat. Ensuite, un club cycliste bien structuré participe à l’attractivité de la ville, la subvention n’est pas imméritée. Enfin, last but not least, si la ville voulait prendre en charge elle-même un club cyclotouriste, cela lui coûterait un bras.

Je voulais juste attirer l’attention sur le trésor que constituent les associations, qu’elles soient à vocation culturelle, sportive, charitable ou que sais-je. A l’heure où les démocraties sont atta-quées de toutes parts, pensons à en protéger les briques de base…