De taille moyenne avec ses 1,67m, le visage ovale sous une chevelure châtain foncé, un nez fort et un menton à
fossette, Joël Séguela, cultivateur au Fau, a 19 ans lorsqu’il adhère au Véloce Club Montalbanais. Sa candidature
parrainée par deux membres a été affichée huit jours dans les locaux du club et, n’ayant pas soulevée
d’objection, il est admis au Véloce à l’unanimité des participants le 10 novembre 1906. Une fois réglée sa
cotisation, il peut dès lors participer aux activités du club et fréquenter le vélodrome du cours Foucault. « La
piste est réservée à l’entraînement de 5h à 9h du soir à l’exclusion des jours de course… Les membres du VCM
peuvent rouler sur la piste en dehors des heures d’entraînement et pendant carte vcm Sgulaces heures s’il n’y a pas de coureurs     
sur la piste. »1 A ce titre, il reçoit une carte d’accès et sans doute une clé.
C’est l’un de ces inconnus de l’Histoire qui surgissent à l’occasionde consultations dans les archives et qui viennent enrichir ou compléter nos connaissances sur nos sujets d’intérêt. De 1908 à 1910, il fait sonservice militaire au 59e RI à Foix etva être rappelé à l’activité par la Mobilisation Générale le 3 août 1914.
« Très bon soldat souvent volontaire pour des missions périlleuses, a faitpreuve de belles qualités de courage
et d’entrain le 11 mai 1915 en se portant à l’assaut des positions allemandes. » note la citation à l’ordre du régiment le 6 mai 1916 .
Blessé à la cuisse gauche par éclat d’obus le 11 mai 1915 à Notre Dame de Lorette, il a été retiré du front et évacué sur
l’intérieur sans doute à Montpellier. C’est là qu’une commission lui accorde le statut de réformé temporaire le 8 avril 1916
 « pour atrophie de la jambe gauche ». Il est renvoyé dans ses foyers le 10. Sa réforme sera reconduite
par toutes les commissions successives jusqu’à ce qu’il soit mis en congé illimité de démobilisation le 27 mai 1921 ».
A-t-il pu reprendre la pratique cycliste lui qui a «au membre inférieur gauche, une gêne légère de la
marche qui s’effectue sur le bord externe du pied légèrement dévié en dedans » avec « limitation à 90% de la flexion du pied
et amyotrophie au mollet ».A ce titre, il a été bénéficiaire d’une pension.
Est-ce pour cela  qu’il a changé d’activité professionnelle et est devenu loueur de voitures2 ?
Mais, pourquoi en faire une histoire, un article puisqu’ils ont été des millions à être mobilisés dont deux, trois
dizaines de membres du VCM ou plus ? C’est que les discussions récurrentes sur les maillots du club au sein du
Comité Directeur conduisent souvent à évoquer les « couleurs » historiques du Véloce inégalement appréciées
parmi les adhérents. Mais chacun sait ce qu’il en est « des goûts et des couleurs ».
Pendant longtemps, il n’y eut pas de maillot officiel et les plus anciens d’entre nous en ont une collection
complète. Les comptes-rendus de réunion du comité (1906-1950) déposées aux Archives départementales du
Tarn et Garonne nous donnent quelques traces et indications. D’abord celles d’un fanion. Ainsi, le 20 janvier
1923 « le comité se réunit pour étudier […] l’admission des Pupilles. Selon l’article 5 des statuts et sur les
désirs exprimés par la Commission de tourisme il est décidé de recruter à nouveau des Pupilles. Cette jeunesse
sera destinée à entretenir le noyau du VCM, à former de nouveaux membres qui plus tard continueront à faire
flotter sur les routes de la région le fanion du Club, à maintenir les traditions de gaieté et de cordialité entre les
membres, et en un mot à suivre la voie tracée par leurs prédécesseurs pour la prospérité de l’immortel VCM. ».
Le 5 mars 1927, « aux yeux ébahis des membres présents, M. le Président déploie le fanion du Véloce. Il adresse
ses remerciements au camarade Nogues à qui l’on doit ce magnifique présent (mauve et jaune) aux armes du
Véloce. » Réalisation sans doute offerte à l’occasion du cinquantenaire du club que l’on se préparait alors à fêter.
1 Article 3 du règlement intérieur du vélodrome adopté le 16 février 1906 (CR des réunions 1906 – 1950,
Archives départementales)
2 Toutes les citations sont tirées de son dossier du registre matricule (Arch Départ. du Tarn et Garonne)

C’est d’ailleurs à cette occasion là que Frédéric Cayrou3 écrivit et entonna une « Madelon du Véloce » dont je
n’ai pas encore retrouvé les paroles.
Enfin, l’AG du 8 mai 1941 indique que Monsieur le Président doit demander l’autorisation du port de l’insigne
et du fanion.
C’est bien plus tard, lors de la réunion générale du 27 novembre 1947, qu’« il est mis en question le port d’un
maillot uniforme au couleur (sic) du club. Ce projet est adopté. Il est demandé à M. Castelli ( ?), le distingué
peintre de faire un projet de blason pour ces maillots. »

 

carte vcm Sgula suite

Mais revenons à (Antoine) Joël Séguela : sa carte de membre pour l’année 1912, il y a 110 ans, signée au verso par le président de l’époque, L. Larroque –Ramey, porte bien déjà nos deux couleurs,mauve et jaune. 

 3 Frédéric Cayrou est né en 1879 à Castelsarrasin. Vétérinaire à Montauban, il devient membre du Véloce en
mars 1924 puis son secrétaire en 1925, vice-président en 1930 et président de 1934 à 1939 ou 1941. Il sera
sénateur du Tarn et Garonne de 1946 à 1958. Félibre, occitaniste il est auteur de poèmes, d’une quarantaine de
pièces de théâtre qu’il jouait avec sa troupe. Avec beaucoup d’humour, il relate en avril 1924 (en occitan)
comment « au péril de sa vie, le citoyen Bastit a arrêté un âne emballé dans le faubourg toulousain. »

Serge Pouzol  
(Août 2022)